Claudia Castro, responsable de l’Atelier Créatif de l’EVAM, nous a récemment ouvert les portes de cet espace où créativité et entraide se mêlent. Cet atelier offre bien plus qu’une simple activité manuelle : véritable lieu de socialisation et d’expression personnelle, il permet à ses participantes de développer leurs compétences, de renforcer leur confiance en elles et de tisser des liens précieux. À travers cette interview croisée, découvrez le regard d’une animatrice passionnée et le témoignage touchant de Lela, participante, qui a trouvé ici un environnement sécurisant.
Claudia, comment avez-vous mis en place l’atelier ?
Au début, je me suis concentrée sur la décoration, en voulant créer un espace qui donne envie d’y être, un lieu chaleureux et accueillant. C’était un espace commun rempli d’objets fonctionnels, et mon objectif était de le transformer pour nourrir cet environnement et le rendre plus agréable à vivre.
Dans un deuxième temps, j’ai réfléchi à l’organisation de l’atelier : comment accueillir jusqu’à huit participantes ? Quelles ressources j’avais à disposition ? Qu’est-ce que je pouvais proposer en termes de créativité ? Il était essentiel pour moi d’offrir une grande variété de matériel et d’offrir une grande marge de manœuvre, de la liberté et de la réflexion. Je souhaite être au service des personnes et de leur créativité, avec l’idée de proposer des activités individualisées.
Nous avons commencé par réaliser des rideaux en capsules de café, pour créer des séparations. L’idée initiale était d’aménager des coins où les participantes pourraient se retirer, mais ce projet s’est finalement orienté davantage vers une décoration esthétique plutôt qu’un espace d’intimité. Enfin, l’arrivée d’une troisième participante, particulièrement créative, a ensuite insufflé un nouvel élan à l’atelier.
Les participantes de cet atelier peuvent parfois arriver dans un état psychique fragile, et l’objectif est ainsi de leur offrir un espace où elles peuvent retrouver confiance en elles.
Quel est l’objectif de cet atelier ?
L’atelier a d’abord pour objectif d’offrir un espace de prise de conscience de soi, notamment à travers le choix des matières, des couleurs et l’émerveillement que ces découvertes peuvent susciter. Cela permet aux participantes de mieux s’identifier à leurs goûts et à leur créativité. Les activités proposées sont rarement dirigées, laissant aux participantes une grande liberté pour explorer leur créativité à leur propre rythme. Dans un deuxième temps, nous allons également créer une petite brocante. Nous y exposerons des meubles customisés qui pourront être achetés à des prix raisonnables. Les objets de base nous sont fournis par Macadam, une mesure de la Fondation Mère Sofia.
C’est aussi un espace féminin, où les discussions autour du genre et des injonctions sociales occupent une place importante. Ces échanges sont encouragés et libres. L’atelier vise également à renforcer la confiance en soi et la capacité à interagir avec les autres, tout en valorisant l’unicité de chacune.
Enfin, un autre objectif est de mettre l’accent sur la contemplation : sortir de nos murs pour découvrir l’art sous toutes ses coutures (street art, musées, monuments). L’idée est de s’imprégner et s’inspirer du beau de la culture environnante.
Comment fonctionne l’atelier ?
Actuellement, l’atelier accueille cinq participantes, exclusivement des femmes, sans limite d’âge. C’est avant tout un espace de socialisation avec une dimension créative. Les activités laissent une grande liberté en termes de création, mais des règles sont également en place : respecter la ponctualité, avertir en cas d’absence pour maladie, et mettre son téléphone en mode silencieux. La pause de midi est un moment important, dédié à l’échange et au partage, en dehors des activités créatives. C’est un instant convivial qui permet de renforcer les liens.
L’atelier valorise la créativité personnelle. Chacune peut réaliser des objets à usage personnel ou pour offrir en cadeau, favorisant ainsi les liens sociaux. Chaque participante apporte ses compétences et ses forces spécifiques, ce qui permet aussi des échanges d’idées et des commandes mutuelles au sein du groupe.
Nous organisons aussi parfois des sorties culturelles, qui permettent de découvrir de nouvelles perspectives. Ce n’est pas juste une visite, il y a toute une préparation qui est faite en amont avec les participantes. Ce sont souvent des moments très émotionnels. Nous avons par exemple visité la collection de l’Arti Brut à Lausanne, et nous avons ensuite fait des autoportraits, afin de travailler sur la perception de soi.
Lela, qu’est-ce qui vous a motivée à rejoindre cet atelier ?
Je suis venue chercher un soutien. Aujourd’hui, je me sens très bien ici. C’est un lieu où j’ai pu laisser mes problèmes de côté.
Qu’appréciez-vous dans cet atelier ?
Quand je suis arrivée, en juillet, je ne savais pas grand-chose, mais grâce à l’aide de la responsable, j’ai énormément progressé. Je la remercie du fond du cœur. Je ne veux plus partir !
Je me sens libre d’essayer tout ce que je veux ici. Par exemple, je fais du crochet, je trouve des idées sur internet et j’essaie de les reproduire à l’atelier. J’ai aussi réalisé des décorations en papier, des lampes, un Père Noël et des couronnes.
Est-ce que cet atelier vous a aidée dans votre parcours ?
Cet atelier me permet de m’exprimer, c’est comme une bouffée d’air pour moi. J’ai aussi des amis ici, et je suis très reconnaissante pour tout ce que l’atelier m’apporte. J’ai peur du jour où cela s’arrêtera, car cet espace est devenu essentiel pour moi.
