Depuis quelque temps, nous avons le plaisir d’accueillir régulièrement les clowns de l’association Fil Rouge dans plusieurs structures d’hébergement collectif de l’EVAM.
Dans un quotidien marqué par la diversité des cultures, des parcours et des langues, ces moments de rire et de jeu permettent de tisser des liens, de renforcer la cohésion sociale et d’amuser les résident·es. Le rire, reconnu comme un vecteur puissant de bien-être, agit ici comme un catalyseur d’émotions positives.
Pour en savoir plus sur la démarche, nous avons posé trois questions à l’une des clowns de l’association. Esther nous raconte leurs interventions, entre poésie, humour et lien humain.



Quelle est la démarche de votre association ?
Nous sommes une compagnie de clowns active depuis plus de dix ans, spécialisée dans les interventions auprès de personnes en situation de vulnérabilité. Nous avons créé des partenariats avec des EMS et des services de gériatrie et de psychogériatrie, où nous intervenons généralement une fois par mois. Depuis le début de la guerre en Ukraine, nous avons élargi notre champ d’action et animons désormais également dans plusieurs foyers de l’EVAM. Notre démarche vise à amener le clown là où on ne l’attend pas, dans des contextes de vie parfois difficiles.
On privilégie une présence qui est continue afin de créer du lien. Les personnes commencent ainsi à nous connaître et à nous attendre, c’est un peu le « rendez-vous du mois ». Notre présence sert à amuser, à apporter de la poésie et de la fantaisie dans le quotidien, à favoriser le lien entre les différents résidents et résidentes. Elle permet aussi d’apaiser de potentielles tensions.
Comment vous préparez-vous avant une intervention ?
Avant chaque intervention, nous organisons un petit briefing pour faire le point : qui sera présent, quelle est l’ambiance du lieu ce jour-là, y a-t-il des éléments particuliers à prendre en compte ? Nous adaptons ensuite notre approche au public concerné. Une intervention auprès d’enfants migrants ne se prépare pas comme une visite en gériatrie : les formes d’humour, les interactions, les rythmes sont très différents. Mais il y a un fond de poésie, de légèreté, et de naïveté qui est commun à tous les publics. Nous nous préparons comme des comédiens avant une entrée en scène.
Quel impact souhaitez-vous avoir avec vos interventions ?
Nous souhaitons créer des bulles de fantaisie, de folies, de décalage, dans des quotidiens qui ne sont pas toujours faciles.
Le clown a toujours cette posture de « celui qui ne sait pas » et ce sont les autres qui vont l’aider. Ce renversement de posture valorise les personnes rencontrées et, nous l’espérons, leur offre un petit soulagement face aux difficultés. Nous jouons aussi avec l’environnement, détournons les objets du quotidien pour les reconsidérer autrement. C’est une façon d’ouvrir un regard nouveau sur les lieux et les gens. Notre souhait est que ces moments laissent une trace légère et joyeuse !