
Quand je suis arrivé dans le canton de Vaud en 2022, j’ai d’abord été logé dans un foyer à Gryon, puis dans un appartement à Bex. Je ne parlais pas du tout français. J’ai trouvé un premier travail dans le canton d’Argovie, pendant trois mois. Mais c’était trop loin et j’étais fatigué de faire les trajets, alors j’ai cherché un emploi plus proche. Un jour, j’ai vu sur la plateforme anibis qu’ils cherchaient quelqu’un pour la fromagerie Le Sapalet, à Rossinière. J’ai postulé et j’ai été pris ! J’y ai travaillé à 100% pendant un an et demi.
J’ai également suivi les cours de français de l’EVAM et je prenais des cours privés deux fois par semaine. Quand j’ai commencé au Sapalet, je savais dire « Bonjour, je m’appelle Denys » et c’est à peu près tout. J’ai beaucoup appris grâce au contact avec mes collègues.
Aviez-vous déjà travaillé dans une fromagerie ?
Non. En Ukraine j’étais vétérinaire pendant trois ans. Dès le départ, je l’ai dit à mon patron à la fromagerie, qui m’a aidé en me présentant au cabinet du vétérinaire Vétos D’Enhaut. À Château d’Oex, tout le monde se connait et cela m’a beaucoup aidé ! J’ai commencé par une journée de stage dans le cabinet, puis le patron m’a engagé. Je travaillais donc à 40% comme assistant vétérinaire et je faisais un 60% à la fromagerie. Après deux mois, je suis passé à 80% au cabinet et j’ai gardé un 20% au Sapalet. Pour être reconnu comme vétérinaire, je dois passer un examen théorique et pratique, mais pour l’instant je suis bien en tant qu’assistant vétérinaire.
Quels sont vos futurs projets ?
Grâce à mon emploi, j’ai pu obtenir le permis B. Ce sont les Vétos d’Enhaut qui ont fait la demande au canton de Vaud. J’aimerais rester en Suisse, continuer à travailler dans la région du Pays-d’Enhaut car les gens y sont très gentils. Je me suis fait des amis ici et mes deux patrons m’ont beaucoup donné, je me sens très bien dans les deux emplois et je leur en suis très reconnaissant.
Joakim, responsable à la fromagerie Le Sapalet :
Quand Denys a postulé sur la plateforme anibis, je me suis dit qu’il fallait essayer, même si rien n’était garanti. On commençait à 6h du matin et il habitait à Bex, il fallait être motivé. À la fin de son jour d’essai, j’ai vu qu’il avait le profil, alors je lui ai demandé comment ça c’était passé. Il m’a répondu : « Oui, je reviens demain ! ». Alors j’ai dit : « OK, à demain ! » (Rires).
Comment communiquiez-vous au début ?
Quand il a commencé, son français était encore faible. Comme il avait travaillé en Suisse alémanique, on utilisait l’allemand. Et comme il effectuait des tâches assez répétitives, ça ne posait pas de problème. Un collègue bulgare qui parle aussi russe l’a également aidé à traduire certaines choses.
Comment le lien avec le cabinet vétérinaire s’est-il fait ?
On s’est vite lié d’amitié. À un moment donné, il voulait partir pour un emploi en Valais. Il m’a montré son contrat et j’ai vu qu’on allait profiter de lui. Je lui ai proposé de rester : je connaissais plusieurs vétérinaires grâce à notre élevage, et l’un deux a accepté de lui proposer une journée d’essai. Il était super motivé et il n’a pas eu de souci. Il a commencé tout de suite après son essai.
Et comme il est difficile d’avoir un appartement dans le Pays-d’Enhaut, on l’a recommandé auprès d’un propriétaire que je connaissais qui nous a fait confiance et c’était bon. On voit peu de personnes qui s’intègre si rapidement. Il a trouvé sa place tout de suite dans l’équipe et a vite progressé en français.
Employez-vous régulièrement des personnes venues de l’étranger ?
Oui, on a toujours eu des saisonniers et on aide volontiers les personnes motivées afin de leur donner une chance. Une fois qu’on dépasse les a priori, on surpasse tout ! Finalement, on n’a pas fait grand-chose, juste lui donner sa chance. Et Denys est toujours très reconnaissant. Quand il a été pris chez les vétérinaires, il a tenu à garder un 20% ici parce que je l’ai aidé. Il est très loyal, ça me fait plaisir. Je sais qu’il viendra toujours nous dépanner si on a besoin de lui un weekend. On a une bonne relation qui va dans les deux sens.