Rencontre avec Hakim, accueilli par Amélie et Marc 

Je suis Hakim, je viens d’Afghanistan et ça fait bientôt 5 ans que je suis en Suisse. Je suis arrivé ici en janvier 2021. Jusqu’à aujourd’hui, la vie avance très bien et j’espère que ça continue comme ça. 

Il y a 3 ans j’ai commencé un emploi chez AGENA, dans l’installation photovoltaïque et ils ont accepté que je commence un apprentissage chez eux cette année. Le week-end, quand j’ai un peu de temps, j’aime aller en montagne faire des randonnées. Et puis je vais souvent chez mon ancienne famille d’accueil ; c’est un peu comme ma famille ici. 

Découverte du projet Héberger un migrant  
Quand je suis arrivé en Suisse, c’était comme un nouveau départ. Je ne parlais ni français ni allemand, seulement quelques mots d’anglais. J’ai d’abord été dans le canton de Bâle puis on m’a transféré dans le canton de Vaud, à Bex. C’est là qu’une personne du foyer m’a parlé du projet Héberger un migrant. Mon assistante sociale m’a inscrit au programme et j’’ai eu de la chance : deux ou trois mois plus tard, on m’a trouvé une famille. C’était incroyable, j’étais à la fois heureux et stressé. Je parlais un peu français, mais pas très bien. On m’a expliqué que la famille habitait à Aigle, et la coordinatrice régionale et moi sommes allés ensemble les rencontrer. La famille m’a accueilli avec beaucoup de respect et un grand sourire. Ils avaient deux jeunes enfants, un de trois ans et un autre d’un an. Nous avons un peu discuté, même si je comprenais seulement une partie de la conversation. Ils m’ont dit que ce n’était pas un problème, qu’ils allaient réfléchir. Deux jours plus tard, ils m’ont rappelé pour me dire que c’était bon.  

Dès mon arrivée chez eux, la mère de famille m’a expliqué comment tout fonctionnait dans la maison. Elle m’a dit : « Ici, c’est comme chez toi. Si tu as besoin de quelque chose ou si tu as des questions, on est là pour t’aider. » Au final, je suis resté un an et demi dans cette famille. J’ai trouvé que c’était la plus belle chose qui me soit arrivée depuis que je suis en Suisse. 

 Ils m’ont toujours parlé en français et peu à peu j’ai commencé à mieux parler. J’avais envie d’apprendre, de travailler, d’avancer. J’ai eu de la chance, la maman de Marc est professeure et m’a donné des cours de français à la maison deux à trois fois par semaine. Et c’est aussi grâce à eux que j’ai trouvé mon travail. Ils m’ont donné beaucoup d’idées, répondu à mes nombreuses questions. Quand ils ne savaient pas, ils cherchaient les réponses, appelaient quelqu’un ou regardaient sur internet. 

Ce qui m’a aussi beaucoup marqué, c’est que ce n’était pas seulement la famille d’accueil qui m’a soutenu, mais tout leur entourage : leurs parents, leurs frères, leurs amis. Ils m’ont vraiment intégré à leur réseau. Je suis allé à des fêtes de famille, des mariages, des anniversaires… J’étais comme un membre de la famille. 

Mon père est décédé il y a quelques années. Deux ou trois mois après son décès, ma famille d’accueil était là, à mes côtés, comme ma propre famille. Ils ne m’ont pas laissé seul. Aujourd’hui encore, nous gardons un lien très fort. Ma famille d’accueil est devenue ma deuxième famille.  

Le quotidien en famille : apprentissage, soutien et intégration 
Ce qui m’a le plus surpris, c’est la différence de culture, bien sûr, mais surtout le respect. Je viens d’un pays musulman, et ici, la culture, les repas, les habitudes, tout est différent. Pourtant, dès le début, la famille a fait preuve d’une grande ouverture. Ils m’ont demandé : « Qu’est-ce que tu manges ? Est-ce qu’il y a des choses qu’on doit éviter ? Si quelque chose te dérange, tu nous dis. » J’ai trouvé ça très touchant. Leur respect, leur bienveillance, c’était quelque chose de vraiment fort pour moi. 

Je sais aussi que ce n’est pas forcément évident pour une famille d’accueillir un jeune homme seul. Mais Amélie et Marc étaient jeunes, ouverts d’esprit, et cela s’est très bien passé. Peut-être que dans une autre famille, cela aurait été plus compliqué ; les différences de culture, la barrière de la langue, et parfois ce que les médias montrent de l’Afghanistan n’aide pas. Parce qu’aujourd’hui, la télévision et les journaux donnent souvent une fausse image : ils montrent quelques personnes qui commettent des actes graves, et on croit que tout un peuple est comme ça. Eux, au contraire, ont fait la différence. Et ça, pour moi, ça a été une belle surprise. 

Je me suis souvent demandé pourquoi ils avaient accepté de m’accueillir. Et j’ai compris qu’ils s’étaient beaucoup informés sur mon pays, sur son histoire, sur la situation actuelle. Ils avaient pris le temps de comprendre. Ils avaient beaucoup de questions. Plusieurs fois, je suis allé à l’église avec eux, et ils m’ont expliqué comment cela se passait. J’ai compris qu’il y a finalement peu de différences entre les musulmans et les chrétiens : le plus important, c’est le respect. Cette famille a vraiment été une belle surprise pour moi. 

Message aux futur·es participant·es 
D’abord, je voudrais remercier l’EVAM pour ce projet de familles d’accueil.  

Mon conseil : « Vous avez le choix. Le chemin est ouvert pour vous. Profitez de vivre chez une famille d’accueil pour apprendre la langue, découvrir la culture et comprendre comment fonctionne la vie en Suisse : l’assurance maladie, la location d’un appartement… ». Pour nous, ce n’est pas toujours facile. Vivre dans une famille rend les choses plus simples ; ce sera plus facile pour trouver un travail, de comprendre la culture, comment la vie fonctionne en Suisse, comment envoyer un dossier aux entreprises. Et surtout, vous n’êtes pas seul. C’est une grande sécurité.  

C’est un programme qui facilite vraiment l’intégration. Moi, je ne parle pas encore parfaitement français, mais je me débrouille et on arrive à se comprendre. Comprendre les lois, c’est souvent très compliqué pour nous. La famille d’accueil peut être d’une grande aide à ce niveau-là.